lundi 21 septembre 2015

Commencer le programme d'EMC…

Je vous propose ici une d'activité pour commencer le programme en EMC en cycle 4 ou au lycée.
N'hésitez pas à en faire la critique.

DL

Quelle démarche ?

Partir d’une situation hypothétique mais concrète à laquelle les élèves peuvent être confrontés quotidiennement pour les amener à s’interroger face à un dilemme moral.

1. Décrire une situation, mettre les élèves face à un choix difficile engageant leur responsabilité
2. Laisser s’exprimer les élèves pour les amener à exercer leur jugement et pour connaître leur sensibilité.
3. Les confronter à la règle et à la loi en rappelant les valeurs et les principes à l’origine de la loi.
4. Faire un bilan critique des réponses apportées et établir ce que serait un comportement digne et responsable et éthique.


Exemple d’activité plutôt en cycle 4 du collège ou au lycée :

1. Décrire la situation, mettre les élèves face à un choix difficile engageant leur responsabilité :

« Vous êtes collégien/lycéen, vous avez rejoint votre salle de classe avant la sonnerie pour échapper à la cohue et vous attendez le début du cours dans les couloirs avec quelques camarades. 
La sonnerie retentit. Une classe de 6e en rang serré, monte les escaliers et emprunte le couloir dans lequel vous attendez tranquillement. Les élèves avancent vite, ils ont peur d’être en retard, ils baissent la tête, leur gros cartable sur le dos.
L’un d’entre-eux, agrégé à son groupe, vous bouscule assez violemment. Vous êtes projeté contre le mur. Vos camarades se moquent de vous. 
Quelle est alors votre réaction ? »

2. Laisser s’exprimer les élèves pour les amener à exercer leur jugement et pour connaître leur sensibilité : 

Le professeur laisse quelques minutes aux élèves pour réfléchir. Puis, il leur donne la parole en essayant d’écouter le plus grand nombre d’élèves pour avoir un large éventail de réponses.

Quelques exemples de réponses données par les élèves d’une classe de Terminales :
- Iyed : « moi, je rattrape celui qui m’a bousculé et je le frappe pour lui faire peur et lui faire comprendre le respect qu’il doit aux autres et pour éviter ainsi qu’il ne recommence. »
- Hicham : « moi, je ne fais rien car un lycéen m’avait frappé dans une situation semblable quand j’étais en 6e et cela m’a traumatisé. »
- Rayan : « moi, je ne sais pas comment je réagirais. Je suis très impulsif et je ne peux donc pas prévoir ma réaction. Je crois que j’insulterai le petit 6e mais je n’en suis pas certaine. »
- Lina : « moi, je ne fais rien par ce que cela ne sert à rien de réagir. Tant pis pour moi. »
- Sarra : « moi je ne ferais sans doute rien non plus parce que je suis très réservée et je déteste la violence. Donc je serai sans doute bien trop choquée pour réagir. »
- Anaïs : « moi, ça dépend de comment je me suis levée le matin. Si c’est à 8h et que je suis de mauvaise humeur ou fatiguée, ça peut faire des étincelles ! »

Les élèves peuvent ensuite réagir aux propos de leurs camarades. Le professeur écoute et organise les échanges si nécessaire. Mais il ne s’agit pas à ce stade de censurer les propos des élèves sauf s’ils dépassent les limites de la liberté d’expression. Voici quelques réactions entendues :

- « On ne peut pas savoir. Serions-nous capables de ne pas réagir instinctivement ? »
- « Chacun a son tempérament. Certains seront agressifs, d’autres passifs, etc. »
- «  En tout cas, tu ne vas pas frapper un enfant beaucoup plus faible que toi. Imagine, cela pourrait être ton petit frère ! »
- « Faire un exemple en secouant l’agresseur fera aussi comprendre aux autres qu’ils doivent faire attention. »

3. Confronter les élèves à nos valeurs et principes républicains, à la règle et à la loi et les faire réfléchir :

Le professeur reprend la parole et analyse la situation problème sous l’angle des valeurs, du règlement intérieur et de la loi. Quelle valeur est au cœur de cette situation ? Que dit le règlement intérieur ? (droits et devoirs des élèves) Que dit la loi ?

Les valeurs engagées…

- la liberté : ici la liberté de circuler. Mais cette liberté doit être encadrée par des règles et des lois.
- l’égalité et le principe de réciprocité (ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’ils te fassent)
- la fraternité : prendre en compte le statut de l’agresseur, ici un enfant plus petit, plus fragile. Valoriser la tolérance.

Le règlement intérieur…

- interdit d’être dans les couloirs pendant les récréations et avant la sonnerie même si l’intention est bonne (ponctualité).
- affirme que l’élève doit « se comporter correctement aussi bien à l’intérieur de l’établissement qu’à l’extérieur, en particulier dans ses déplacements… »
- affirme que « le respect des autres suppose un esprit de franchise et de tolérance… »
- prévoit des sanctions en cas de manquement à l’une des règles fixées, notamment en cas de non respect envers les personnes et en particulier en cas d’agression verbale (injures, moqueries, harcèlement…) ou de comportements dangereux (courses, bousculades, gestes brutaux, agressions physiques dont menaces, coups et blessures).

La loi protège les citoyens contre toute forme de violence verbale ou physique…
=> Voir la page de ressources Eduscol ici.

Le professeur rappelle les principes du règlement intérieur et de la loi. Il en discute avec les élèves pour les amener à reconsidérer leur jugement.

La loi, à travers plusieurs circulaires et des accords entre le Ministère de l’Education Nationale et le Ministère de l’Intérieur, fixe les conditions de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire. 
La loi de 2013 sur la Refondation de l’école complète les textes précédents et  s’intéresse notamment aux cas de harcèlement et de cyberviolence
Des lois plus anciennes, mais toujours en vigueur, protégeaient les élèves de multiples formes de violence : racisme, discrimination, antisémitisme, agressions sexuelles, délit de bizutage, etc.

Extraits de la CIRCULAIRE N°2006-125 DU 16-8-2006: 

« Les phénomènes de violence fragilisent l’ensemble des relations sociales. Lorsqu’ils s’installent dans l’école, lieu de transmission des savoirs et des valeurs de notre société, c’est l’ensemble du pacte républicain qui est menacé, c’est l’égalité des chances qui est rompue. Restaurer l’autorité des adultes, permettre aux élèves de travailler et de vivre dans un climat de sérénité, réaffirmer les droits et les devoirs de chacun est une condition de la réussite de l’école. »

« […] La transmission des savoirs et la mission d’éducation de l’école constituent la première des préventions. Toutefois des actions complémentaires doivent être impérativement menées. Il s’agit de prendre en compte les victimes, assurer la sécurité des personnes, organiser les circuits d’échanges d’informations entre partenaires et de suivi des infractions ou des problèmes rencontrés, associer les parents et responsabiliser les élèves, développer les partenariats, mettre à disposition des outils et enfin évaluer et suivre l’ensemble du dispositif de lutte contre les violences en milieu scolaire aux différents niveaux de responsabilité. »

Les principaux axes de la loi :
- prévenir
- accompagner les victimes
- assurer la sécurité des personnes
- Organiser le recueil des informations, les conduites à tenir et le suivi des situations
- Responsabiliser les élèves et associer plus étroitement les parents
- Améliorer l’efficacité des partenariats entre les acteurs concernés (personnels de l’éducation, forces de sécurité, acteurs de la justice…)
- Mettre à disposition des outils, développer la formation des acteurs concernés pour développer de bonnes pratiques

4. En se référant aux règles et à la loi, faire un bilan critique des réponses apportées et établir ce que serait un comportement digne et responsable.

- Un acte contraire à la loi est est délit ou un crime et peut être puni. Il relève de la justice.
- Un manquement au règlement intérieur peut être sanctionné au sein même de l’établissement.
Pour autant…
- il convient de reprendre l’analyse de la situation problème en se posant des questions : 
« Quelle est ma responsabilité dans l’agression dont j’ai été la victime ? ». 
En l’occurence, l’élève bousculé ne devait pas se trouver dans les couloirs à ce moment-là.
Etant plus expérimenté, la victime aurait pu prévenir la situation et éviter l’accident en étant plus attentive à son environnement et aux autres.
Il s’agit bien de déterminer si cette bousculade est un accident ou un acte de violence délibéré.

- il convient de travailler sur la maîtrise de ses émotions. L’impulsivité n’excuse pas la violence.
- c’est un comportement raisonnable qui doit être suivi. Le « droit du plus fort » ne doit pas avoir de place.

Bilan à construire avec la classe pour répondre à cette question « Fallait-il agir ou laisser faire ? »
=> Les élèves peuvent travailler seuls ou en petits groupes pour arriver à une réponse de synthèse
- lutter contre la violence scolaire et assurer la prévention des violences suppose d’agir mais de façon réfléchie, responsable (donc en connaissant les règles) et éthique.
Il fallait donc :
- éviter de réagir sous le coup de l’émotion
- prendre le temps de la réflexion
- mesurer ses responsabilités
- et AGIR : tenter de parler calmement à l’agresseur (sans doute pas conscient de la violence qu’il a engendrée) pour lui rappeler les règles et l’importance du respect des autres et de son environnement.

=> à la fin de l’activité, on rend explicite la démarche de l’EMC et on indique les thèmes du programme et les démarches de cette discipline. 

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