lundi 4 mars 2013

Croire en l'Histoire, le nouvel essai de François Hartog

" Le concept moderne d'histoire, qui s'est forgé à la fin du XVIIIe siècle et qui a persisté jusqu'à la fin du XXe siècle, n'offre plus de prise véritable sur notre société pour la comprendre. Il faut donc travailler à proposer des manières différentes d'articuler les catégories du passé, du présent et du futur, pour avoir une meilleure prise sur notre présent. Car si l'histoire a une utilité, c'est là qu'elle se trouve. Raconter de belles histoires du passé pour s'instruire et se distraire ne suffit pas. Essayons d'esquisser un nouveau concept d'histoire. "

Ces mots sont ceux de François Hartog lors d'un entretien accordé à un journaliste du Monde des livres (numéro du 1er mars 2013, p.10) à l'occasion de la sortie de son ouvrage Croire en l'Histoire, publié chez Flammarion. Voici un extrait de cet essai : " Mais quand la mort est devenue une industrie [l'auteur fait ici référence au génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale], quand les morts ont été, aussi minutieusement qu'il était possible, effacés, quand le temps s'est arrêté, quand on a lentement pris conscience que le passé ne passait pas, que devenait l'histoire, le concept moderne d'Histoire, et comment pouvait se moduler le faire de l'histoire ? Car comment enterrer ces morts frappés, pour ainsi dire, d'une absence redoublée ? Ou comment "faire place aux vivants", si l'écart entre champ d'expérience et horizon d'attente s'est creusé jusqu'à une quasi-rupture entre les deux, ou, pire, si l'horizon d'attente a pris la figure de la catastrophe ? De la catastrophe qui vient, qui est en marche, à celle qui a bel et bien eu lieu : dans un même présent. Pour poser ces questions, pour les poser en ces termes, il a fallu du temps à nos sociétés. " (Croire en l'histoire, page 298)

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