dimanche 29 novembre 2015

Jean-Paul Bertaud-Historien

Extraits d'un article à lire dans Le Monde du 29 november 2015

Spécialiste français de l'histoire sociale de l'armée sous la Révolution et l'Empire, Jean-Paul Bertaud est mort, le samedi 21  novembre à son domicile parisien, à l'âge de 80 ans.
Né le 2  août 1935 à Soissons, où son père, Alfred, officier, est en poste, le jeune Jean-Paul grandit en fait au village de Montournais (Vendée), dont les Bertaud sont originaires. Dans ce milieu très marqué par la culture militaire et les valeurs du catholicisme traditionnel, l'enfant est très tôt bercé par les récits de la geste des Chouans. Ce qui ne manquera pas d'être décisif lorsqu'il se révélera historien.[…]


Un chercheur assidu

[…] Le jeune historien s'immerge dans les registres des archives de l'armée, à la rencontre de plus d'un million de ces combattants de la "  Grande Nation  " qui animent les guerres européennes de 1792 à 1815. Aux premiers temps de la pratique informatique, il croise les données sur les origines sociales, les conditions d'incorporation, les moyens d'existence et les affectations successives.
En sort une thèse, puis une synthèse, La Révolution armée (1979), prolongée par une pittoresque Vie quotidienne des soldats de la Révolution (Hachette, 1985). Suivra une captivante étude sur la façon dont Napoléon tempéra la montée de l'individualisme dans la société civile par la divulgation des valeurs militaires (Quand les enfants parlaient de gloire, 2006). Mais les premiers rôles intéressent aussi l'historien s'ils interrogent de nouvelles façons de penser ou de vivre. Ainsi Camille et Lucile Desmoulins (1986) ou Choderlos de Laclos (2003).
Sur des terres proches de celles d'André Corvisier (1918-2014), spécialiste de l'histoire militaire sous l'Ancien Régime, Bertaud croise anthropologie historique et amorce d'histoire culturelle – décryptant la presse quand s'invente l'idéal démocratique. Mais, comme il ne s'inscrit pas dans le camp des thuriféraires de l'Empire comme dans le champ clos où s'affrontent tenants des légendes concurrentes, dorée ou noire, de la Révolution, son apport, essentiel, a peu été célébré. D'autant que, "  honnête homme  " chaleureux, le chercheur n'a rien d'un mandarin.[…]
Dans le sillage de Reinhard et de Corvisier, Bertaud a su appliquer les principes des annales à un champ longtemps étroitement académique. Sans doute est-ce du côté d'Hervé Drévillon qu'il faut chercher sa descendance.

philippe-jean catinchi

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