jeudi 12 juin 2014

Le Proche-Orient, plus que jamais un foyer de conflit...

L'éditorial du Monde du 12 juin, nous informe de la création d'un nouvel Etat islamiste au Proche-Orient (EIIL : Etat islamique en Irak et au Levant), un Etat né sur les décombres de l'Irak et de la Syrie, un Etat profitant du chaos et des conflits qui déchirent ces pays exsangues, un nouvel Eldorado (riche de ses ressources de pétrole) pour les Djihadistes du monde entier, un nouveau foyer de conflit et d'instabilité dans cette région. 500 000 civils s'enfuient. C'est un tournant géopolitique majeur...mais qui pourra dire que c'est une surprise ?

A lire aussi l'article de la journaliste Cécile Hennion en page 2 du quotidien intitulé "Les Djihadistes prennent la deuxième ville d'Irak" (Mossoul) et celui de Guillaume Perrier intitulé "Au nord, le gouvernement autonome kurde déploie son " armée nationale "" qui parle de la résistance du gouvernement autonome du Kurdistan irakien face à cette poussée djihadiste.

Extrait de l'éditorial :
"Taillé à coups de raids meurtriers et d'attentats, un nouveau " pays " voit le jour dans le monde arabe : appelons-le le " Djihadistan ". Il s'installe à cheval sur la Syrie (dans le nord-est du pays) et sur l'Irak (dans l'Ouest et le Nord). C'est un événement d'une portée considérable, non seulement pour la région, mais aussi pour l'Europe.

Profitant de l'affaiblissement, voire de l'éclatement, de ces deux ex-Etats forts du Proche-Orient, le groupe djihadiste que dirige l'Irakien Abou Bakr Al-Baghdadi, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ne cesse d'agrandir son domaine. Jamais Al-Qaida, même en Afghanistan sous le règne des talibans, à la fin des années 1990, n'avait contrôlé pareil territoire.
L'EIIL supplante Al-Qaida en puissance de feu et en moyens financiers. Prônant officiellement la même pureté islamiste sunnite et la même violence extrême, il peut modifier durablement la carte de la région – amputant la Syrie et l'Irak d'une partie de leurs provinces pétrolières. L'Europe ne peut rester indifférente : l'EIIL séduit des centaines, peut-être des milliers, de jeunes musulmans européens, venus se battre dans ses rangs, essentiellement en Syrie.
Ces quatre derniers jours, les colonnes d'Al-Baghdadi (lire son portrait dans Le Monde du 30 mai) se sont emparées de Mossoul, la capitale du nord de l'Irak, au bord du Tigre, mettant la main sur toute la région de Ninive. Elles se sont installées à Fallouja, à moins d'une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, à Tikrit, à Samarra – bref, elles dominent la quasi-totalité du pays sunnite irakien.
En Syrie, l'EIIL a conquis toute une partie de l'est du pays, s'assurant une continuité territoriale avec son fief irakien. Ainsi, c'est un mini-Etat qui prend racine, levant l'impôt, rançonnant, pillant et vendant le pétrole en contrebande. Tel est le but d'Al-Baghdadi : recréer une base djihadiste, à l'instar de ce que fut l'Afghanistan pour Al-Qaida.
Le régime syrien, celui de Bachar Al-Assad, le laisse faire pour des raisons tactiques. Le régime irakien, dominé par la majorité chiite du pays, est incapable d'arrêter l'EIIL. A Bagdad, le gouvernement de Nouri Al-Maliki gouverne en pratiquant un sectarisme pro-chiite qui lui vaut l'hostilité de la minorité arabe sunnite irakienne.
Résultat ? Un extraordinaire chaos stratégique, où il est difficile de se retrouver. Parce que Bagdad les martyrise, les tribus sunnites irakiennes soutiennent l'EIIL. Parce qu'il est l'allié de Bachar Al-Assad – tous les deux sont des protégés de l'Iran –, Al-Maliki envoie les milices chiites irakiennes se battre en Syrie.
Les Etats-Unis sont des deux côtés. En Syrie, ils soutiennent – un peu – la rébellion contre le régime Al-Assad. Mais, en Irak, ils appuient – un peu – Al-Maliki contre l'EIIL… La Russie reste fidèle à son alliance avec l'Iran et la Syrie. L'Europe regarde ailleurs.
En 2003, au nom de la guerre contre le terrorisme, l'Amérique envahissait l'Irak. Onze ans plus tard, sur les décombres d'une folle invasion, le djihadisme triomphe en Irak ! Ultime désastre pour Washington. Tragédie sans fin pour les Irakiens et les Syriens. Menace à venir pour les Européens."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire