samedi 12 octobre 2013

"Lampedusa : seule au monde" pour encore longtemps ?

Voici un extrait d'un article assez long dans Le Monde de ce samedi 12 octobre consacré à Lampedusa et au drame qui s'y joue depuis quelques années et intitulé "Lampedusa : seule au monde" :


" L'île reçoit chaque année des milliers de clandestins. Depuis plus de vingt ans, elle est l'une des portes de l'Europe, un port de l'espoir pour ceux qui, depuis les côtes africaines si proches, fuient la guerre ou la pauvreté. C'est sur ce caillou pelé de 20 km2, à mi-chemin de la Sicile et de la Tunisie, que la plupart des embarcations affrétées par les trafiquants mettent le cap. Mais Lampedusa ne s'y habitue pas.

Assise face à la mer, dans le restaurant tenu par son fils, Anna (qui a souhaité rester anonyme) a toujours vécu ici. Elle y est née, ses parents aussi. Elle a vu le nombre des candidats à l'exil augmenter au fil des ans : " Il y a vingt ans, c'était de petits bateaux. Là il y en a toujours plus. " En 2011, l'île a vu débarquer des milliers de Tunisiens après la chute de Ben Ali. " Ils étaient plus nombreux que les habitants, se souvient-elle. On faisait à manger, on donnait des couvertures. Ils dormaient partout dans la ville. Mais la solidarité, ça ne peut pas durer tout le temps. Les gens d'ici ont aussi des familles à faire vivre. "
Déjà, le " printemps tunisien " avait bouleversé la vie bien réglée de cette commune de 6 000 âmes qui vit de pêche et de tourisme. La journée y commence sur le port où les bateaux viennent livrer le poisson. L'activité se déplace à partir de 17 heures, via Roma, l'artère du centre où se trouvent quelques boutiques et les restaurants. L'été, les plages aux eaux turquoise sont envahies par des Italiens venus passer leurs vacances en famille. Le reste de l'année, tout le monde se connaît et se croise à pied ou à scooter. La normalité de cette vie un peu hors du monde a été une nouvelle fois fracassée par la tragédie du 3 octobre. Le naufrage meurtrier a rameuté les journalistes, réveillé les autorités à Rome et à Bruxelles, et aussi ravivé l'amertume et la colère des Lampédusins."

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