lundi 21 septembre 2015

Gestion du handicap et pédagogie différenciée (3)


A le recherche d'informations et d'outils pour comprendre et intégrer Malek, un enfant dysphasique, je suis tombé sur des ressources très intéressantes et notamment sur le travail remarquable d'une équipe d'enseignants et de spécialistes qui ont suivi un élève dysphasique.


Mais avant : une petite vidéo 

et quelques conseils de base :
  1. - privilégier les supports visuels
    - accentuer la communication non-verbale (mimiques, gestes, dessins...)
    - laisser plus de temps à l'enfant, aller à son rythme
    - simplifier les consignes, donner une information à la fois
    - allier l'utilisation des 3 sens: voir, entendre, toucher
    - faciliter l'expression orale de l'enfant 
Voici donc à cette adresse, un livret expliquant la démarche d'une équipe québécoise d'enseignants et de spécialistes qui ont travaillé ensemble pour intégrer un élève dysphasique.
Ces éducateurs et personnels de santé ont conçu collectivement des outils concrets pour établir un diagnostic et comprendre ce handicap, pour enseigner en intégrant les difficultés de l'enfant et en proposant des fiches pédagogiques en français (lecture, compréhension, analyse, etc.), en anglais, en mathématiques et en sciences.
Je vous conseille vivement la lecture de cette ressource. Pour les enseignants et les parents, vous trouverez certainement matière à réflexion.

DL



En voici quelques extraits choisis et documents essentiels :

A propos des facultés de compréhension et d'expression :

"Avant d’aborder directement le sujet, parlons tout d’abord de communication. Le langage oral est une partie seulement de la communication. Il n’occupe que 35% de toute communication entre deux personnes. La majeure partie d’un message étant non verbale; qu’on pense à titre d’exemple, à l’intonation, aux mimiques, à la gestuelle, à la position du corps, à la coloration de la peau et à l’expression des yeux qui, bien souvent nous en disent plus long que les mots.

[…] Chez la personne dysphasique, le langage restant déficitaire, cette sensibilité particulière « à comprendre avec les yeux », n’a jamais été supplantée et demeure son moyen privilégié pour saisir notre message.
Le langage reste l’élément le plus important pour ce qui est du développement de notre cerveau. C’est le matériau qui contribue à l’élaboration et à l’expression de la pensée2. Un objet nommé, existe3. Le langage a donc des répercussions sur les différents aspects de notre développement cognitif, affectif et social. En fait, le langage demeure l’élément qui jouera pour le reste de notre vie, un rôle prépondérant, tant au niveau de nos relations sociales que dans la transmission et l’acquisition de nos connaissances.

Cette prise de conscience de la différence fondamentale entre notre mode d’appréhension privilégié du monde qui nous entoure via le mode verbal par l’oral et l’écrit, et celui privilégié par la personne dysphasique via le mode visuel et kinesthésique; image et expérimentation, doit dorénavant demeurer présente à notre esprit.

C’est cette conscientisation qui va nous permettre de comprendre la dysphasie, non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur et ainsi de mieux tracer l’orientation à donner à nos interventions."

Quelques infos sur la dysphasie :


"Ce trouble important peut affecter la sphère de la compréhension, de l’organisation et de l’expression du langage. On dit alors que l’aspect expressif est touché quand il s’agit de parler (production de mots ou élaboration d’un discours) ou que l’aspect réceptif est touché quand il s’agit de comprendre (n’intègre pas bien l’information ou les consignes).


DIFFICULTÉS POUVANT ÊTRE ASSOCIÉES À LA DYSPHASIE
L’abstraction et la perception du temps (généralement présente)
La généralisation (généralement présente)
L’anticipation
Le raisonnement analogique
L’imagerie mentale
La mémoire de travail
L’attention et la concentration
La motricité fine et/ou globale
La perception auditive
L’organisation spatiale
La parole (articulation, voix, débit)
Troubles praxiques (difficulté à programmer des mouvements volontaires)
Les fonctions exécutives2 : activation, inhibition de l’impulsivité, flexibilité cognitive, organisation/planification, mémoire de travail, régulation des émotions."

Un père témoigne :

« Imaginez à présent que vous vous trouviez dans un pays où l’on parle une langue inconnue, mais très similaire à la vôtre, comme l’italien pour un francophone, (....) Vous croyez comprendre des bribes. Vous tentez de baragouiner un mot ou l’autre. À certains moments vous comprenez; à d’autres pas du tout. Votre expérience peut être comparée à celle d’une personne dysphasique sévère.

[…] Pour les dysphasiques, il n’y a pas de langue maternelle. Ils ne parlent qu’une langue et ils l’apprennent comme une seconde langue. C’est en cela qu’il est difficile de comprendre les dysphasiques de l’intérieur. Comment imaginer ne pas avoir de langue maternelle? Nous qui (......) sommes constitués, formés, structurés, par cette langue maternelle, nous ne pouvons pas imaginer ce que c’est que d’avoir une langue maternelle qui vous échappe et s’enfuit. »



Quelques conseils pour les enseignants :



" Comme pour Chaplin, chez l’adolescent dysphasique, le visuel sera de toute première importance. Par conséquent, il sera plus rentable d’utiliser peu de mots et de mettre surtout l’accent sur le mot clé. L’exploitation d’une variété d’approches sensorielles dont la kinesthésique, facilitera aussi sa compréhension ainsi que le recours à son vécu, à ses expérimentations et à du concret. Sa démarche d’apprentissage se doit d’être supportée par la mise en place de lexiques, de listes de pointage, le guidant dans les étapes à suivre et les opérations à faire.


En se rappelant que tout comme Charlie, l’adolescent dysphasique est lui aussi un "immigrant", mais dans sa propre langue. D’où l’importance de parler LENTEMENT, de lui donner du temps et d’exploiter son talent naturel d’imitation en le jumelant avec un camarade qui lui servira de modèle."




De nombreux documents (schémas, tableaux) sont particulièrement utiles. Ils peuvent être photocopiés, sans parler des fiches pédagogiques (toutes faites) en français, mathématiques ou en anglais. Voir en particulier les pages 21 à 24, 26 à 28 ; la page 30 avec un schéma de la démarche d'analyse et de l'évaluation de cette démarche. Les premières fiches se trouvent à partir de la page 35.


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